Simon le Saucisson...

Publié le 31 Décembre 2012

INEDIT

Retour en arrière sur l'épisode « Simon le saucisson »

Copie de lettre mail, sur les journées du 27 et 28 décembre2012 passées,

9°59.09'N 48°45.17W

le 28 décembre 10h15utc 12h14 loc 1012 hpa T° 30°

A Claudia, Marius, Vito,Geneviève, Daniel, Brigitte, Xavier, Ida, la Tunis family, les Montis et leurs enfants (et petits), Pioui, Martine et ses mamies de Bassens, Jean-Jean, Delvillouche, Les Moreno, William, Gué Gué, Elodie, les Venco, Anne, del rosar, David du Taillan, petit Pierre et sa moitié, les Loubésiens, la Castera family, Mélanie en mode freestyle et son Ju, Roro, Mato, Manu son casse-croute et Eliott, Patou, Laura Jane, les potes de l'ile d'Ø, les potos voileux, les copains de montagne...

Adieu spi max!!

Nous voilà rendus le 27 au matin 8hoo loc. Après une nuit de folie sous spi max (le grand), à des moyenne de 11, 12, 13, 14 ET 15 nœuds, revenus dans les temps, dépassant les prévisions de notre routeur (ça faisait longtemps), que nous avons eu en travaillant la barre sur chaque départ de vague, nous faisant prendre toujours un peu plus de vitesse, avantage de n'avoir pas de pilote auto. Le bateau marche du feu dieu avec des vents de secteur Est-Nord-Est, nous faisant rejoindre la zone Sud du Nord Atlantique, au niveau de la Guyane, pour toucher plus de vent, 18 nœuds de moyenne, et retrouver un angle de gain sous le vent meilleur pour tracer direct sur le Marin en Martinique.

Je dormais : "Viens vite sur le pont, on a un problème!"

Je me jette dans mon pantalon de ciré, me voyant déjà affaler le spi. Une fois dehors, aïe ! Trois tours de spi autour de l'étai à enrouleur de solent (petit génois)! Ce qui risquait d'arriver arriva ! trop abattu, erreur de barre fatale, le spi s'est dégonflé et est parti en drapeau en s'enroulant de plusieurs tours autour de l'étai. Un classique.

Alors là, grande agitation pour le faire revenir, sauf que sous 20 nœuds de vent, impossible de l'avoir. On réfléchit, puis on décide de l'affaler. En vain. Les tours sont trop serrés sur l'étai.

On décide donc de monter au mat pour défaire la drisse,et essayer de le dérouler du haut. Je m'y colle. Baudrier de rappel, mer agitée, sueurs froides. Je suis en haut du mat, 18 mètre de mat, ça bouge grave. J'arrive à retirer la drisse de spi. C'est long. Puis je réussi à défaire trois tours de spi sur le haut, pendant que David est en bas en guidant la chaussette (qui sert à étouffer le spi pour l'affaler). Malheureusement, les trois premiers tours engendrent des tours en sens inverse, par dessus les premiers. Peine perdue, je redescends.

Réflexion, on tourne le problème dans tous les sens et le spi qui fasseille s'ouvre le long d'une couture sur le haut, laissant deux grosses bulles faire des ballons le long de l'étai. le temps passe ça fait 3 heures que l'on s'acharne en vain.

Deux nouvelles solutions se présentent : couper le spi en lambeaux en partant du haut, pour pouvoir se servir du solent autour duquel est enroulé le spi et dans ces cas là, adieu spi max, pas de réparation possible, autant dire une petite fortune : un spi neuf d'environ 180m². Deuxième solution, nous avons une trinquette, plus petit que le solent, voile d'avant de moyen et gros temps sur était largable, qui pourrait nous servir pour remonter au vent au cas ou on condamne le solent, puis un gennaker pour une allure portante serrée, et un spi lourd pour du grand largue et pour ne pas retarder trop notre arrivée.

On choisit la deuxième solution après avoir étudier la faisabilité de celle-ci. Il faut pour cela remonter en haut du mat, redescendre le long de l'étai et saucissonner par ferlage (quelques chose de propre et efficace jusqu'en Martinique) du spi condamnant le solent.

Je m'y colle, mais j'ai pas trop envie, ça bouge grave. Je m'harnache du baudrier d'escalade, bricole 2 haubans partants sur l'arrière du bateau, un à bâbord et l'autre à tribord tels deux haubans, deux drisses pour me hisser pour assurer une double sécurité, deux longes de harnais pour entourer l'étai de manière à pouvoir travailler tel un élagueur autour de son tronc. Donc quatre points de fixation, de manière à être le plus stable possible.

On me hisse, j'ai 40 m de bout fixés au baudrier, en trois partie lovées, une de 2O m et deux de 1Om. J'ai confiance en les deux qui sont en bas, David et Ol et qui vont réagir au plus juste, de leur rôle dépendra la réussite de la manœuvre et ma sécurité. Faut pas trop réfléchir quand tout est près, j'y vais.

Ça bouge grave toujours et je suis super balloter autour de ce spi que je dégonfle au fur et à mesure que je descend: "un peu de hauban !! 10cm !! descendez d'un mètre!!" La vue est imprenable !! Le début est dur, mon bout de 20 mètres est lourd, trop lourd, on aurait mieux fait d'en prendre des plus courts et les rabouter au fur et à mesure. J'y suis j'y reste. Physiquement j'essaie de me maintenir, il faut pas que je lâche avant d'être en bas.

Je descend, c'est super long, les sangles me font mal sur les hanches, elles me râpent. Arrivé au niveau de la chaussette, je coupe la fixation du point de drisse de celle-ci avec mon couteau et la descends à l'aide d'un bout, j'en perd un à l'occasion qui part à la mer...

Je continue à ferler serré ce spi sur la drisse. Plus je descends, plus les haubans de fortune partant de mes hanches, me stabilisent, et le ballant devient moins important, j'accélère la manœuvre, le physique commence à me manquer.

Je finis par arriver en bas, ouf !! le spi est maitrisé, on pourra le récupérer en Martinique et le faire réparer !! 6 heures de bouleau intensif sur le pont!! Bon travail les gars !!

On hisse donc le spi lourd, et c'est repartit dans 17 nœuds de vents, à 11, 12, 13, 14, 15, nœuds de moyenne !!! on peut le garder jusqu'à 22-25 nœuds de vent en théorie.

Et puis la nuit le vent monte, ce n'était pas prévu ! 21, 22, 23, 24, 25 nœuds, des surfs sur une mer formée jusqu'à 18,5 nœuds, le bateau enfourne des vagues qui viennent jusqu'au cockpit.

Impossible d'affaler dans ces conditions et de nuit. On modifie notre angle de route, plus ouvert, on prend le troisième ris dans la grand voile, et on stabilise le bateau jusqu'au jour. On perd de la route mais on marche fort.

Le matin le jour se lève, toujours trop de vent pour être sous spi en temps normal, la mer se forme de plus en plus avec le temps.

Nouvelles du matin, une grosse bande de grain arrivent de l'est, couvrant l'horizon et se déplaçant ultra rapidement. On voit quatre zones noires et de pluie se diriger sur nous, des GGV(grain à grande vitesse). On se dit qu'on va prendre 30 nœuds dans la face. Faut affaler !

On réussi à mettre la chaussette dans une molle (18noeuds de vent), et le spi est maitrisé, et affalé avant le grain ! Ouf , on est crevé !

On met en place la trinquette, là on est bon pour prendre du gros!! on a tenu 43 nœuds de vents dans le golfe au pré avec !! même pas peur !!

La route est reprise, et nous remontons vers l'Ouest-Nord-Ouest direction Martinique directe, à 10-11 nœuds de moyenne.

Un peu plus tard le vent en notre faveur nous fera changer la voile d'avant, trinquette contre gennaker, toujours plus vite...

Et oui, les alizés ne sont pas de tout repos sur un bateau comme celui-ci !!! Le Pogo 40 va vite, certes, mais ne nous laisse pas trop de situation "club med" comme peuvent penser certains !

Voilà, petit extrait de notre vie quotidienne, qui est tout de même des fois un peu plus reposante. la mer est magnifique d'heure en heure, depuis notre départ. Aucun quart d'heure n'est identique l'un de l'autre ! Chaque parcelle varie en fonction de l'état de la mer, du ciel, du vent, des zones sous-marines, des courants, de la couleur de l'eau, de la richesse des planctons. La lune nous suit toutes les nuits, elle est pleine, je l'ai suivi depuis son arrivée durant des heures de nuit, ces reflets sont rassurants et nous éclairent tel un spot. Les poissons volants ne cessent de décoller par bancs depuis notre empannage vers le grand Ouest de notre traversée. Les dauphins viennent régulièrement nous faire coucou, nous passons à coté du souffle d'une baleine, des zone de méduses, la pêche aux bonites et coryphène, quelques oiseaux viennent nous tourner autour, tankers, cargos, paquebots, pêchou, voiliers, vedettes... Quelle aventure !! Nous somme à 700 miles de l'arrivée..!

Nils

Rédigé par BINGO

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M
I am sorry to see that you had to face many hardships during the expedition and it is life. At times, you need to meet with unpredictable incidents and only if you have that strong mind power, you can overcome that. I am glad that you are able to complete your feat and it is greatly appreciated.
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J
Wouaouhh! Chapeau bas messieurs...Rien que le journal de bord fait frissonner! Quelle aventure!<br /> David, je prends mon tour pour aller boire un coup en ville quand tu rentres, je voudrais tellement en savoir plus. <br /> La terre est proche, bon retour <br /> Jérôme
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